16 Nov Mourir pour bonne cause
Ici au Québec, dans les hôpitaux, nous attendons plusieurs heures dans une salle d’attente nommée l’urgence. Nous attendons avant d’être pris en charge par un professionnel de la santé. Souvent, vu que nous sommes plusieurs patients à attendons très longtemps, nous nous lions souvent d’amitié avec les autres personnes qui patientes tout comme nous. Nous finissons par savoir des brins de vies de tout un chacun au bout de quelques heures. Cette journée-là, une femme était assise juste au côté de moi. Le sujet des vies professionnelles de tous était venu sur la table, elle commença ce récit des plus intéressant que je vous partage.
Elle commença par juste nous dire qu’elle travaillait en santé animale. Plus la discussion avançait, plus elle en disait long sur l’endroit où elle travaillait. Nous avions lentement compris que c’était dans un laboratoire de recherche. Sans jugement, nous l’avons laissé continuer. Tranquillement, elle commençait par nous raconter comment se déroulait un projet dans ce genre d’endroit.
Elle expliquait que tout commençait par un projet approuver et payé par certains donateurs privés ou un secteur gouvernemental. Le chercheur est choisi et son équipe qui l’entoure aussi. Par la suite, l’équipe évalue spécifiquement les animaux pour faire leurs expériences. D’un coup que cela est fait, il commande dans un catalogue un certain nombre de chiens, de chats, de souris, de rats ou de singes. Dés fois, de différentes races, sexes et poids ou tempéraments.
Généralement, les animaux viennent des États-Unis. Ceux-ci sont élevés spécifiquement pour les expériences en laboratoire. Les élevages de ce genre, tatou leurs animaux afin que personne ne puisse avoir le droit de garder l’un de ses derniers comme compagnon de vie. Le tout est inscrit dans un contact que nous signons tous. Personne ne peut sortir un animal avec ce type de tatouage à l’extérieur du laboratoire. Cela veut dire que lorsque l’animal possède cette marque, il est condamné à mort.
Principalement, les chiens de race Beagle et les singes de race capucine sont très largement primés par les chercheurs. Pourquoi, lui avais-je demandé. Elle m’avait alors répondu que c’était pour leurs bons caractères et de plus, ces races-là, spécifiquement, réagissent plus semblablement à l’être humain.
Tous ces animaux sont amenés par camion et lorsqu’il entre au laboratoire, ils n’en ressortent jamais en vie. C’est à partir de là que leurs calvaires commencent et que leurs jours sont comptés. Tout débute par une panoplie de tests et de prises de sang. Il faut connaitre chaque pedigree sur la santé des animaux qui entre en laboratoire. Par la suite, les tests commencent, des vaccins, des médications ou carrément des produits commerciaux y sont injectés pour voir la progression de ceux-ci sur leurs signes vitaux ou autre.
Les techniciens commencent leurs travaux à ce moment-là en les piquant aux 2 minutes pendant des heures ou au 10 minutes, tout dépend de la recherche. La plupart des chiens restent calmes et même gentils. Continuellement dans des cages et en manque d’affections lors de ces piqûres, la plupart y voient une certaine marque d’affection.
Les singes, eux, ne voient pas cela du même œil. Plusieurs deviennent très agressifs. Les techniciens sont obligés de porter des gants spéciaux et de les piquer de toutes les sortes de manières inimaginables. Les attachés sont notre dernier recours au besoin.
Elle continuait son discours en nous disant que de voir dépérir l’animal de jour en jour était le plus difficile pour elle. Selon la loi canadienne, ils doivent mettre fin à la vie de l’animal lorsqu’il y a signe de détresse physique. Mais beaucoup de chercheurs nous défendent bien des euthanasiés pour cette cause. Eux, ils veulent savoir pourquoi ils souffrent, combien de temps ils vont tenir dans leurs états de souffrance ou carrément pour savoir si l’animal va survivre.
Dans le cas où l’animal doit tester pour de la médication pour vaincre une maladie que nous lui avons transmise, nous ne pouvons aucunement leur donner de sédatif ou de calmant pour apaiser sa douleur. Car toutes choses injectées peuvent fausser les données médicales. Nous n’avons aucun autre choix que de les voir mourir à petit feu.
Voir toutes ses bêtes mourir dés fois pour rien la mettait en colère. Elle expliqua que beaucoup de recherches se ressemblaient entre elles, voire même pareil. Malheureusement, entre chercheurs, ils ne se donnent pratiquement aucun résultat entre eux. Elle voyait cela comme une sorte de compétition entre professionnels. Savoir, qui trouvera le prochain vaccin, le meilleur médicament ou produits ou toute solution miraculeuse qui sauvera la vie des gens dans un prochain avenir
S’ils commençaient à se donner les résultats entre eux et à travailler ensemble en équipe des centaines voire des milliers d’animaux n’auraient plus à souffrir ainsi pour une expérience déjà testée auparavant. Pas de dangers qu’ils se partagent leurs travail et leurs résultats, ils risqueraient de perdre leurs notoriétés, leurs réputations ou carrément leurs bourses et subventions.
Pour sa part, elle nous dit alors que les tests sur le traitement du cancer sont les plus pénibles à voir pour elle. Pendant les heures ou les hôpitaux ne se servent pas de leurs machines nucléaires (très tôt en matinée ou tard dans la nuit) les employés des laboratoires se faufilent sans le faire savoir au public, ils amènent ces pauvres bêtes à se faire bombarder de radiation que même un être humain ne pourrait pas supporter.
Lorsque ceux-ci ressortent de l’hôpital, certains en sortent brulés sur tout le corps et les pattes. Ils saignent des yeux et des oreilles et des abcès se forment. Leurs souffrances sont atroces.
Lorsque tout ce cirque est enfin terminé, même si l’animal est encore en vie ou a carrément guéri, ils vont tous à la chambre à gaz pour l’euthanasie sans exception. C’est la fin de leur calvaire. Ce qui la tient encore dans ce domaine est de voir la guérison chez les gens, le bien que cela apporte à l’être humain. Les recherches sont importantes pour guérir des maladies comme le cancer. Mais imaginer, si tous les chercheurs du monde entier se partageraient leurs résultats et ferait équipe tous ensembles aux lieux d’être tous en compétitions. Combien d’animaux seraient sauvés.
Le visage assombri, elle conclut la conversation en nous disant que ce genre de lieux de travail, il y a un grand changement de personnel. Cela se comprenait, car travailler dans ce genre d’endroit marque pour la vie et avec les contrats de confidentialité personne n’ose vraiment en parler.
Son numéro étant demandé à l’interphone de l’hôpital, elle nous sourit tristement et partit.
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